… celle de NICOLAS DOUCERAIN. Celle d’un homme chef d’entreprise qui a sorti du redressement judiciaire l’un des plus gros cabinets français de conseil en recrutement et en ressources humaines.

Nicolas Doucerain dirigeait alors “Solic”, PME de 90 salariés lorsqu’en 2008, Lehman Brothers fait faillite. Démarre alors une crise sans précédent pour Nicolas Doucerain et son entreprise. Et cette histoire nous ait offerte à travers ce récit, publié en 2011, intitulé Ma petite entreprise a connu la crise (François Bourin Editeur).
C’est le quotidien haletant et authentique d’une entreprise sur le point de périr que relate Nicolas Doucerain, jeune président de Solic. A la manière d’un carnet intime, il nous dit tout des souffrances, de la culpabilité et du sentiment d’impuissance qui l’accompagnent. Rien n’est caché non plus des solidarités et des engagements qui, par-delà les désillusions, ont permis à Solic de survivre et, finalement, de se rétablir.1
J’ai poursuivi avec intérêt cette histoire ainsi racontée par Nicolas Doucerain, qui nous l’offre dans un style sans ambage, avec une syntaxe qui balance sans se hausser du col avec des mots rares. On rentre rapidement dans la dynamique et le tempo d’un récit réaliste où chaque chapitre (13 au total) est riche de phrases déclencheuses d’images – certains plus que d’autres, comme celui du “Dépôt de bilan”, pour la sociologue que je suis et qui s’est immergée durant 6 mois dans les audiences de procédures collectives :
Planté un peu plus loin, Bodineau est ici comme chez lui. Les experts du redressement judiciaire forment un monde à part, avec sa scène, ses codes, son jargon. Nous n’y avons aucun repère. intimidés, nous prenons place dans la salle d’attente. […] Un tableau indique l’ordre de passage des différentes affaires. La liste des entreprises concernées apparaît au vu et au su de tous. Nom, taille, effectifs : je vis difficilement ce dévoilement impudique. En même temps, je ne peux pas m’empêcher de parcourir la liste. D’autres sociétés de service sont touchées, certaines bien plus grosses que la mienne. Tristement, la misère des autres rassure. […] Nous étrons sous l’oeil agacé de trois juges, d’un procureur et d’un greffier. Ils nous font face avec une solennité écrasante. Je suis parcouru de frissons. Mes collaborateurs sont blêmes. Maître Bodineau reste impassible.
Les images que nous livre également Nicolas Doucerain dans son récit nous transportent au coeur de ses relations avec les salariés de l’entreprise, les associés, sa famille, son épouse et ses enfants. Et cette articulation de l’activité économique avec la sphère personnelle est une perspective que l’on conçoit aisément.

Lorsque j’eus achevé la lecture du récit, je n’ai pas hésité à découvrir son adaptation en BD : Lehman, la crise et moi. Une de ces bandes dessinées dont on aime caresser le grain du papier. Le scénario d’Etienne Appert et les dessins de Florent Papin nous plongent dans une atmosphère fine et subtile qui nous fait re-découvrir le récit de Nicolas Doucerain. Tant le niveau graphique que narratif convainc.
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- Ma petite entreprise a connu la crise, c’est aussi un blog à retrouver ICI et dont le mérite se trouve dans le fil des commentaires et des réponses que prend soin d’apporter Nicolas Doucerain…
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C’est l’histoire d’un mec qu’on aime parce qu’elle est positive et s’inscrit dans la litanie du “Tout finit bien”. Certes et justement ! En prenant le temps de se saisir des détails, de chaque moment qui nous est relaté, l’histoire de Nicolas Doucerain permet d’ouvrir la voie à des caractérisations moins rigides de ce qu’on appelle communément la “faillite”. Cette histoire rend compte d’autre chose que la pensée mortifaire qui entoure d’évidences et de clichés le monde des procédures collectives. Une innovation normative en la matière.
- Quatrième de couverture [↩]
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Virginie Blum (14 février 2016). C’est l’histoire d’un mec … _contre Entreprendre|. Consulté le 12 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/mjb4
Merci, c’est très intéressant
Merci pour cet article